Les Enfants de la baleine

Anime de Kyōhei Ishiguro   
Titre original : クジラの子らは砂上に歌う
Pays : Japon
Année : 2017
Episodes : 12 x 25mn

Adaptation du manga Les Enfants de la Baleine de Umeda Abi.

Les enfants de la baleine est un animé que j'ai regardé parce que son titre m'intrigait sur Netflix, je ne connaissais pas le manga d'origine, ni de quoi était faite l'intrigue. Juste cette image et un titre avec le mot baleine dedans.

Il y a seulement 12 épisodes à cet animé mais il ne m'en a fallu qu'à peine deux pour totalement entrer dans l'histoire. Nous découvrons dès le départ que l'animé nous est "raconté" par Chakuro, un jeune scribe sur la Baleine de glaise. Chakuro nous apprend donc que les habitants de la Baleine sont répartis en deux catégories qui cohabitent. Les marqués, qui ont une vie mystérieusement raccourcie et les non-marqués ont eux, une durée de vie habituelle pour des humains. Le marqués disposent cependant d'une force surnaturelle, le Saimia, sorte de pouvoir de télékinésie pouvant également servir pour attaquer. On sent que si la cohabitation est pacifique, la répartition des pouvoirs est largement désequilibrée, les non-marqués gérant toute les décisions importantes de la société. Malgré tout le peuple semble paisible et heureux.

L'épisode 1 s'ouvre sur les funérailles d'une marquée arrivée très jeune au bout de sa courte vie. Le Saimia étant très sensible aux émotions, les marqués ont appris à faire très attention, pour ne pas en perdre le contrôle. Chakuro qui est un peu naïf et  gentiment rebelle, est donc le seul à pleurer lors de ces funérailles... La vie sur la Baleine parait bien utopique et même avec les morts prématurées des marqués, tout semble tranquille. Malgré tout, un petit groupe perçu comme des agitateurs, semble chercher plus loin que les limites de l'île. L'apparition d'une mystérieuse jeune fille rencontrée sur une île à la dérive ainsi que celle d'un inquiétant navire inconnu bouleversera la tranquilité de la Baleine tout en mettant en lumière le passé trouble de celle-ci. L'avertissement de Netflix qui déconseille l'animé au moins de 16 ans est à mes yeux tout à fait bien vu, l'utopie tranquille ne dure qu'un temps...

L'intrigue met l'accent sur plusieurs sujets de société, actuels ou non, avec émotion. Véritable miroir de notre societé, l'oeuvre joue par exemple sur la place et l'utilité des émotions. Avec une société largement pourvue de sentiments mais totalement pacifique qui est opposée à l'Empire fait de militaires pas du tout pacifiques mais dépourvus d'émotions. Les souvenirs et la connaissance du passé sont également présentés comme source de douleur, mais ne pas en avoir est également terriblement angoissant à l'image du personnage de Ohni qui en cherchant à connaitre le monde et son passé, cherche en réalité à se connaitre lui-même.

Des points de vues se confrontent sur ce qu'est la guerre, ses conséquenses, sans qu'aucun ne soit totalement mauvais, il n'y a pas de solution vraiment bonne non plus. Et il y a urgence à faire des choix, armer les enfants d'un peuple pacifique et ainsi en faire des meurtriers (okay, en face c'est des gros cons, mais c'est quand même des gens) ou préserver leur innocence et les laisser se faire massacrer ? D'autant que la différence "marqué/non-marqué" ressurgi en force lors des combats, les marqués disposant d'une force d'attaque que n'ont pas les autres...

Du point de vue du fond, l'oeuvre est un petit bijou de reflexion.

Le visuel est également d'une grande qualité, les dessins sont doux et les fonds teinté d'une sorte d'impression aquarelle. Ce qui transforme beaucoup de plans en tableaux, comme si nous lisions un livre de conte. Cela vient s'ajouter délicatement à la narration, racontée par Chakuro pour donner cette impression. Plusieurs situations particulières sont traitées de manière assez magnifique, comme l'envol des sauterelles lumineuses (qui n'est pas sans rappeller les lucioles de Hotaru no Haka)

Là où je vais chipoter un peu, et je pense que peut être cela est dû à l'adaptation en seulement 12 episodes, c'est au niveau des personnages et de leur developpement. Chakuro le scribe innocent, Suo le pacifiste et dans une moindre mesure, Ohni le nerveux, tous restent quand même bien prévisibles et donc forcément perdent un peu de l'attraction qu'ils excercent sur le spectateur. Exception faite de Leodari, ce soldat de l'Empire qui refusa qu'on lui ôte ses émotions et qui en devint fou, ce personnage m'a tout de suite intriguée.

Pas qu'il attire la sympathie, à mon avis son cas est foutu, mais plutôt par le fait qu'entre ses émotions et ce qu'on lui a fait subir, il est difficile de dire ce qui l'a réellement bouzillé. Véritable barbare sans pitié, sa folie est pourtant résultat d'un refus de soumission passé. Nait-on monstre ou le devient-on...? Ce petit personnage agaçant, oportuniste et dangereusement malade me semble être pourtant plein de questions. On en revient au fond qui amène quelque des questions de réflexion. L'animé ne lui consacrera pourtant pas grand place, tout comme au caporal Shuan qui conserve la plupart de ses mystères dans cette saison. Il y avait pourtant quelques scènes, quelques occasions d'en faire un developpement plus poussé. Et c'est un peu frustrant !! Toutefois j'ose espérer une saison 2 pour éclaircir les quelques mystères non élucidés et développer quelques personnalités (Ohni, Shuan, Orca et ce ptit blaireau de Leodari... )

En bref, c'est tout de même un très bel animé avec une réalisation très soignée. Visuellement parfait, il comporte quelques défauts niveau scénario et traitement des personnages, mais globalement il est  très réussi et j'ai beaucoup aimé. Je le conseille à tous ceux qui ont plus de 16 ans et le temps de le regarder, je pense qu'il peut toucher tout le monde.